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LES GITANS EN EUROPE DE L'EST


Les gitans semblent à l'origine venir d'Inde, et ont ensuite migré à travers l' Europe jusqu'en Espagne et même en Egypte. Chacune des zones traversées a donné au groupe nomade sa spécificité. Les gitans d' Europe de l'Est sont pour leur part nommés "roms",et leur musique s'est mêlée aux musiques traditionnelles juives et slaves... La légende raconte que lorsque les tziganes sont partis de l' Inde, ils possédaient un miroir sacré qui était le symbole de leur unité. Mais un jour, en Europe, une partie de ce peuple errant voulut s'arrêter quelques temps, tandis que d'autres voulaient continuer et poursuivre leur route... Une dispute s'ensuivit, puis on en est venu aux mains et on a brisé le miroir en un millier de morceaux. A l’image de ce miroir brisé, les gitans se sont divisés en un millier de groupes, chacun emportant avec lui un éclat du miroir sacré. La légende dit encore qu'au printemps les gitans vont aux Sainte Marie de la Mer, pour le porter à Sainte Sarah, patronne des gitans...
L'exotisme de ce conte français demeure en arrière plan lorsque nous questionnons spontanément les habitants Slovaques, Hongrois, Roumains, rencontrons associations et personnalités pour mieux comprendre le phénomène des gitans en Europe de l'Est.

Zoltan, jeune professeur qui a effectué un travail de recherche sur l'intégration sociale des roms en Hongrie, tient à souligner qu'il n'existe en aucun cas une culture unitaire et donc un unique groupe ethnique « gitan ». L'image des multiples morceaux du miroir n'est donc pas fausse, et le premier des préjugés à abattre est la vision des roms comme un groupe homogène. En Hongrie, le groupe des musiciens professionnels est finalement peu nombreux, il s'agit de roms privilégiés qui travaillent dans des restaurants ou hôtels.A ce sous-groupe minoritaire s'ajoutent le groupe "business" qui vit du commerce, les potiers, ou ceux qui travaillent dans les constructions et bâtiments. D'autre part, de nouveaux groupes ont été créés, par exemple en Hongrie celui des coopératives agricoles. Chacun de ces groupes s'est intégré à des niveaux plus ou moins superficiels dans la société, leur totalité représentant 5 à 8% de la population hongroise. De quoi briser les stéréotypes: les gitans ne vivent pas tous de la musique et appartiennent à différents groupes susceptibles d'être rivaux...

D’abord : qu’est-ce qu’un gitan ? Le reconnaît-on par sa culture, sa langue ? Si les gitans ont au moins deux langues propres (le lovari ou langage international des gitans, proche de l'hindi; et le olah parlé en Hongrie, qui date du 19e siècle), 80% des roms parlent Hongrois… Ce qui rend d'autre part difficile l'identification d'un rom en tant que tel, mis à part l'habillement et les cheveux longs pour les hommes, peu fiables, est que le fait d'assumer l'identité gitane est rarement serein pour un rom, au vu des multiples rejets qu'il provoque. Et cela même si la notion d'identité tzigane gagne de plus en plus d'importance, après la fin de l'ère communiste où tout sentiment identitaire était opprimé.
Un élément important à souligner est la violence de l' Etat lui-même vis-à-vis des gitans. La loi hongroise par exemple laisse presque carte blanche aux policiers pour détenir des suspects: les gitans sont en fait souvent détenus quand un fait divers survient, puis physiquement maltraités jusqu'à ce que l'un se déclare coupable.
Leur discrimination au niveau de l'emploi, l'éducation, la santé, les démarches administratives et d'autres services sont monnaie courante et les discours de haine contre les roms répandent des stéréotypes négatifs qui prévalent au sein de l'opinion des non roms d'Europe de l'est. Certes, nous avons rencontré diverses organisations de la société civile qui se battent pour que cette minorité soit reconnue, comme L’ERRC (European Roma Rights Center ou Centre Européen pour les Droits des Gitans) ou le CEP (Civic Education Project ou projet d’ Education Civique). Leurs actions sont en pratiques très complexes à réaliser, comme intégrer les gitans à l’éducation secondaire et tertiaire pour éviter la ghettoïsation sociale, économique et géographique qu’ils subissent depuis la fin de l’ère communiste, ou créer un propre gouvernement des minorités depuis 1994, ce qui pose le problème de la légitimité puisque les représentants gitans sont élus par la totalité de la population, en majorité non gitane…
Qu’en pensent les jeunes non gitans ? Les jeunes Hongrois, Slovaques et Roumains que nous avons rencontrés répètent le même schéma : les gitans ne font que voler et sont un fardeau, ce n’est pas un sujet intéressant à aborder…
Que faire, alors, changer les lois à défaut des mentalités ? Il semble que ce soit un enjeu à l’heure de l’ adhésion à l’Union Européenne des pays d’ Europe de l’ Est que de promouvoir les droits culturels et collectifs des minorités gitanes, et par là d’enrichir la notion de droits individuels avec celle de droits de la communauté.



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