Untitled Document Emil, cyber-barman | Sans arrêt en mouvement, avec un visage où l'on lit un sourire marqué, parfois entrecoupé d'expressions expectatives, Emil est le centre nerveux du cybercafé de Burgas, petite ville bulgare qui borde la Mer Noire. Cinq jours par semaine, de 8H à 20H, Emil prépare les consommations du bar et les sert aux clients. Plutôt beau gosse, jovial et très communicatif, Emil attire l'attention des jolies filles attablées au comptoir et accompagne volontiers de quelques pas de danse la musique qui sort de la grosse sono derrière lui. | La clientèle du café est en effet très branchée. La décoration y est futuriste, les hauts parleurs crachent de la musique techno toute la journée et les diverses télévisions accrochées aux murs reprennent les derniers clips occidentaux avec leur cortège d'images 3D. Pourtant, comme le dit Emil en français avec un fort accent bulgare, "Ce que tu vois ici ne reflète pas la vérité de mon pays. Ici on ne montre que du rêve, le rêve que beaucoup de jeunes entretiennent ici". Dans un pays où le salaire moyen est de 250 Leva par mois (environ 900 F), on ne peut guère s'offrir le quotidien de l'Occident. Heureux de poser pour la photo et amusé par les ordinateurs du groupe de Français installés derrière lui, Emil parle volontiers de sa vie, celle d'un jeune homme de 22 ans originaire de Sofia qui apprécie l'immédiat du quotidien, qui joue au football et qui a trouvé ce travail dans le café il y a 3 mois maintenant. Mais dans son récit, quelque chose l'a beaucoup marqué: le voyage en France qu'il a fait avec sa classe quand il avait 15 ans, son premier grand voyage. Il conte avec l'enthousiame d'un enfant sa joie de voir la Tour Eiffel et le château de Versailles et son amusement devant l'élégance surfaite de certaines Parisiennes. Derrière son excitation se dessine une certaine nostalgie. Emil aimerait habiter au Canada. Plus précisément, il aurait voulu être dentiste à Toronto, "un vrai métier dans une ville au centre du Nouveau Monde". Seulement, les obstacles à son rêve sont nombreux, ne serait-ce parce qu'il n'a pas pu faire d'études... aussi parce qu'il est très difficile pour un Bulgare de voyager, les visas étant encore très contraignants. Dominique
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