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Visions sur un camp de réfugiés afghans à Peshawar

 

A Quetta, située dans le Balouchistan pakistanais, nous avons déjà rencontré de nombreux réfugiés Afghans, établis en ville après plusieurs années d'exil. Plus au nord, près de la frontière et à environ 350 Km de Kaboul, Peshawar, capitale du NWFP (North West Frontier Province) concentre également un grand nombre des 1,3 millions de réfugiés Afghans au Pakistan.
C'est donc l'occcasion pour nous d'obtenir plus d'informations sur ces derniers, notamment grâce à la présence de nombreuses Organisations Internationales. Nous nous sommes rendus dans les locaux de l'UNHCR, le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU, dans l'espoir de pouvoir au moins rencontrer un administrateur.
Voilà donc le récit de notre après-midi ; nous ne prétendons à aucun article de fond sur les conditions de vie des réfugiés afghans au Pakistan, mais notre témoignage peut éclairer un peu une situation complexe et souvent méconnue.

 

Pendant notre attente dans le local climatisé des gardes, nous assistons à un va et vient incessant de grosses 4X4 Suzuki appartenant à l'ONU ou à des délégations nationales. Ce spectacle contraste beaucoup avec la présence de dizaines de réfugiés... à l'extérieur.

 

Les gardes nous introduisent alors dans le local principal de l'UNHCR, où, à notre grand étonnement, nous pouvons facilement rencontrer M. Niaz Ahmad, "Associate Program Officer". Nous comprenons cet accueil si chaleureux plus tard : en raison de ses besoins financiers, le UNHCR fait connaître la situation des réfugiés Afghans autant que possible aux citoyens des pays donateurs. Angelina Jolie, l'héroïne de 'Lara Croft' était d'ailleurs venue la semaine précédente et avait visité un camp de réfugiés, afin de mobiliser l'attention de la presse sur leur sort. "Vous serez des ambassadeurs du HCR" nous assène-t-il à notre plus grande gêne...
Mais M. Ahmad nous répète avec conviction que même trois étudiants français peuvent faire la différence, ne serait-ce que grâce au bouche à oreille. " En tout, imaginons que vous arrivez à attirer l'attention de 1000 personnes; notre pari est gagné, car ce seront 1000 personnes de plus qui pourront influencer le gouvernement français à faire des dons. Something is better than nothing."

En effet, le budget de l'UNHCR n'est que sur un an... et dépend de la générosité des gouvernements occidentaux. Il est difficile dans ce cas de faire des plans d'action à long terme... d'autant que l'intérêt géopolitique de la région a fortement décru depuis la fin de la guerre froide... et avec elle la générosité des pays occidentaux.
En nous décrivant les activités de l'UNHCR spécifiques à l'Afghanistan, M. Ahmad insiste bien sur le fait que son rôle consiste à aider le gouvernement pakistanais à accueillir les réfugiés, et non pas à les accueilir directement.
A ce titre, il bénéficie de la collaboration d'une nébuleuse de trois types d'organisations internationales: financées par le Commissariat, directement par des gouvernements et non-gouvernementales, aux côtés d'organisations pakistanaises. "Le UNHCR joue surtout un rôle de coordination. Certes, il met en place les camps de réfugiés et s'assure que ces derniers puissent bénéficier des services de base, comme l'alimentation, l'eau potable, des centres médicaux, ainsi que des centres de formation professionnelle. Mais un grand nombre de structures sont gérées par des organisations parallèles".

Comme l'indique l'administrateur de l'ONU, le gouvernement pakistanais a adopté une politique très libérale pour les réfugiés. Ceux-ci peuvent, à leur choix s'installer dans les camps ou en ville. Tout comme les Pakistanais, ils peuvent travailler et étudier, grâce notamment à une politique de quotas... mais cette politique est en train de se durcir, du fait de la mauvaise situation économique du Pakistan."De nombreux réfugiés arrivent à s'installer en ville et à vivre grâce, notamment, à des petits commerce de tapis Afghans. Le Pakistan compte des réfugiés installés sur son sol depuis plus de 20 ans, dans les camps ou en ville."

Les réfugiés Afghans souhaitent généralement obtenir le statut de réfugié, tel qu'il est défini par l'ONU et immigrer dans un pays occidental, avec comme finalité la réintégration locale. C'est l'UNHCR qui accorde ce statut, en fonction des places disponibles, et du dossier, qui prend principalement en compte l'exposition au danger du réfugié. En effet, de nombreux réfugiés viennent au siège de l'UNHCR pour chercher protection, en raison du danger qui peut exister dans les camps, par les disputes tribales ou familiales.

Interrogé sur les conditions de vie des réfugiés et leur perception par la population "de souche", M. Ahmad se montre assez serein... un discours qui est rapidement atténué par notre visite de Kacha Garhi, le camp numéro 5 de Peshawar.

Après dix minutes de taxi, nous arrivons à l'entrée du camp et rencontrons M.Maobol Shah Loghani, "District Administrator" et à ce titre commandant du camp... un des premiers camps, construit en 1979 avec une capacité initiale de 40 000 personnes et une population réelle s'élevant à 85 000. "Ce camp suscite un grand intérêt pour les réfugiés en raison des opportunités d'emplois dans le secteur du bâtiment, grâce aux chantiers à proximité. Un fort regroupement familial s'opère ici... avec au final cinq à six familles par maison, où deux d'entre elles se partagent généralement une chambre... pendant de nombreuses années. "

Ce camp de réfugiés, même s'il est supervisé par l'UNHCR, est géré au jour le jour par un comité composé de 25 anciens du camp, leaders des différentes tribus. Ceux-ci prennent les décisions quotidiennes et interviennent pour résoudre les disputes internes... avec, en cas d'échec, l'intervention de la police.

Sur les raisons de l'immigration au Pakistan, M. Loghani met plus en avant les facteurs économiques, non pas tant les facteurs politiques. "Même après le retrait des Russes, de nombreux réfugiés ont préféré rester ici... car les opportunités d'emploi en Afghanistan sont inexistantes".

Quant à la surpopulation du camp, l'administrateur commente avec exaspération. "Les pays riches n'acceptent maintenant plus aucun réfugié. Le Pakistan à lui seul supporte tout ce poids... alors que son économie a de nombreuses difficultés... et qu'il n'a même pas signé la convention de Genève de 1949 sur les réfugiés et les personnes déplacées, contrairement à des pays frontaliers avec l'Afghanistan ironiquement moins hospitaliers, tels que l'Iran ou le Tadchiquistan. J'ai sur mon bureau le cas d'un réfugié du camp menacé de mort qui se porte candidat à l'asile politique depuis 1998... sans succès."

Effectuer des statistiques est difficile mais... seulement quelques réfugiés commencent à rentrer dans leur pays, et ils dépassent les nouveaux entrants. Le HCR les encourage dans ce domaine en leur donnant notamment 6 000 Roupies par famille une fois celle-ci rendue à Kaboul. (l'équivalent de 90 dollars)

 

Le camp de réfugiés que nous avons visité était composé de maisons faites de terre, sur une superficie de plusieurs kilomètres carrés. Un expert explique plus tard que chaque année, les camps subissent de nombreux dégats matériels en raison du passage de la mousson, qui détruit en partie les maisons et laisse le camp boueux pendant plusieurs semaines.


 

Au centre de ce camp et au bord de la grande route, nous visitons un des trois centres médicaux. Composé de 4 pièces de 15 mètres carrés chacune, il est géré par Darus-Salam, une ONG pakistanaise portant le nom de son fondateur.

Au centre de la pièce de consultation, peuplée d'environ une quinzaine de femmes et autant d'enfants, nous rencontrons Docteur Iram. La jeune femme se rend alors entièrement disponible pour nous faire visiter son unité, notamment la salle d'accouchement, composée d'une table rudimentaire et d'une commode, salies par la poussière des murs adjacents. Elle refusera qu'on en prenne une photo... tout en expliquant que, bien que la plupart des accouchements se fassent dans les maisons, les cas à problèmes, nécessitant notamment une intervention chirurgicale, se passent dans cette salle.

Les maladies les plus répandues dans le camp sont la malaria, les infections et autres maladies liées à une malnutrition. Quand on aborde le problème de la violence conjugale, la jeune médecin se fait plus solennelle et reconnaît que ce phénomène est courant mais qu'on ne peut interférer avec "leurs traditions". Des campagnes de sensibilisation à une meilleure hygiène et aux vaccinations sont cependant menées par une douzaine de volontaires dans le camp.

La suite de l'entretien se passe dans l'ambiance plus confortable du bureau, où nous examinons pendant de longues minutes les statistiques médicales du camp en fonction des critères fixés par le UNHCR.
Nous apprenons notamment que le taux de mortalité infantile avoisine 70 pour mille dans le camp (10 fois plus qu'en France), que environ 50 nouveaux cas de malaria sont recensés par mois ou encore, à notre étonnement, que le SIDA est officiellement inexistant dans le camp...
L'association ne semble répondre qu'à une mince partie des besoins de la population qu'elle doit couvrir. En effet, seuls les soins les plus basiques y sont administrés et les interventions plus lourdes doivent se faire à l'hopital de la ville, où le système de remboursement des soins est réservé aux Pakistanais. "Si des réfugiés veulent aller à l'hôpital, ils doivent payer", nous dit-elle très simplement.

Dans les centres médiaux de camp, les frais de consultation, non acquittés par les 10% les plus pauvres des malades, s'élèvent entre 15 et 20 roupies (30 cents)... exigés uniquement lorsque des médicaments sont administrés. Comme l'indique la jeune médecin, "nous prescrivons tous les médicaments nécessaires lorsque nous en administrons, ce qui représente un coût moyen de 100 roupies (un peu plus que un dollar)... et le HCR ne nous en fournit pas assez, si bien que nous devons en acheter, bien qu'ils soient très couteux."


La contrainte financière risque donc de s'accroître pour les réfugiés, alors que les frais engendrés par les dépenses de santé représentent déjà pour beaucoup autant de raisons de ne pas se soigner.

 

La suite de la visite du camp, c'est l'atelier de formation, qui a pour fonction d'enseigner un métier aux réfugiés : couture, mécanique, joaillerie et tissage de tapis.
Financé en partie par le gouvernement canadien et une ONG allemande, il représente également un lieu de sociabilité et la possibilité de gagner quelque argent en vendant la production sur le marché local... avec, du même coup, une mince porte d'entrée vers une vie normale et intégrée à la société.

Voilà. Tous ces gens nous ont demandé de témoigner, de faire savoir autour de nous ce que nous avons vu, c'est chose faite. Maintenant que vous, lecteurs, êtes un peu plus au courant de cette situation, peut-être pourrez vous à votre tour en parler, et ainsi nous permettre d'atteindre une audience qui, on l'espère, sera supérieure à 1000 personnes...

 

Chach, Marianne et Dominique

 

 

 

 

 

 



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