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"DEJA MAL MARIEE DEJA"

"Mon père m'a mariée à un tailleur de pierre

Le lendemain d'mes noces, m'envoie à la carrière

La mal mariée dèjà, mal mariée gué"

complainte bretonne

Etre femme: malédiction ou don du ciel?

"Epargnez-moi d'un fardeau sans nom et faites que j'aie un fils" supplient les futures mères. La naissance d'une fille en Inde est traditionnellement perçue comme une malédiction, une punition divine. Depuis l'enfance jusqu'au mariage, la fille est une charge financière, sociale et morale pour ses parents. Il faut d'abord lui trouver un mari de la même caste, de la même religion et de la même classe sociale, qui conforte l'honneur de la famille et qu'elle épousera très jeune, sans le connaître. Il faudra ensuite assurer les frais du mariage, somptueux comme le veut la coutume. Il faudra surtout assurer la dot, contrepartie matérielle pour la belle-famille chez qui les époux iront vivre et à qui la jeune mariée doit éternelle reconnaissance et dévouement. Les parents de la jeune mariée se seront ruinés pour le mariage de leur fille (souvent ils s'endettent à vie) et seront impuissants face aux mauvais traitements qu'elle subira si l'époux et les beaux-parents abusent d'elle, car l'honneur leur dicte de ne rien dire: leur fille doit rester auprès de sa nouvelle famille et la satisfaire, c'est son devoir.

Même si dans les grandes villes les traditions ont du souci à se faire face à la vague de modernité qui transforme les coutumes ancestrales, mariages arrangés, dot et violence domestique subsistent et font le malheur des femmes. Dans un contexte urbain, le système de la dot et du mariage arrangé prend un nouveau visage où l'argent et la société de consommation sont rois, tandis que dans les villages il subsiste tel quel. Ceci n'est pas à négliger, puisque 70% de la population indienne est rurale.

A Bangalore et dans l'Etat riche du Penjab, motos, télévisions couleur et frigidaires ont remplacé les tissus et les terres qui autrefois étaient offerts en dot. C'est là aussi qu'on compte le plus de cas de dowry deads. Le drame des nombreuses jeunes filles tuées "par accident" au sein de leur belle-famille parce que leur père n'a pu se permettre de leur offrir le gadget rêvé est courant. Le service des grands brûlés de l'hôpital principal de Bangalore voit sans cesse arrviver des jeunes femmes dont le sari a mystérieusement pris feu ou dont le four a explosé. Autant de crimes déguisés qui seront classés "accidents domestiques". Sans aller jusqu'au meurtre, nombreuses sont les jeunes femmes répudiées parce qu'elles n'ont pas satisfait la demande de dot de leur mari en électroménager, voiture, appartement.... comme en témoigne l' histoire de Falguni.

Falguni, s'est mariée à 21 ans, le 5 août 1994. Trois jours après son mariage, sa belle-famille déclara qu'elle n'avait pas donné assez de cadeaux pour leurs épousailles. Sa belle-mère menaça de la brûler si elle ne demandait pas un appartement à son père. Le 7 septembre 1995 en pleine nuit, elle fut chassée de chez elle avec l'ordre d'aller demander de l'argent à son père pour un appartement. Depuis elle n'est plus autorisée à fouler le sol de sa maison et est menacée d'être tuée.

Changer les mentalités passe par l'éducation des femmes mais aussi des enfants pour que dès leur plus jeune âge la violence ne soit pas légitimée. Cela veut dire apprendre à vivre ensemble, à lire, écrire et être conscient de ses droits. Un exemple de telles initiatives est le travail réalisé par une association de femmes au Rajasthan.

 

Se battre pour l'éducation au Rajasthan

Dans un village du Rajasthan nommé Tehessil Sanganer, à une quinzaine de kilomètres de Jaipur, une ONG travaille jour après jour pour éduquer et combattre l'illetrisme chez les femmes. Il s'agit d'une branche de la AIWC (All Indian Women Conference). Une magnifique maison bleutée abrite les multiples activités que petites et grandes viennent y exercer. Deux professeurs donnent des cours tous les matins entre 8 et 12 heures pour leur apprendre à lire et écrire l'hindi, mais elles y font aussi de la couture, des bracelets en terre cuite et décorent des assiettes. Tout ceci est ensuite revendu sur les marchés environnants ou à l'occasion de festivals d'artisanat comme le pawli, et constitue une source indépendante de revenu pour elles. Comment cette ONG fonctionne-t-elle financièrement? D'une part, une caisse commune a été créée parmi les femmes membres: celles qui peuvent donnent 30 roupies par jour, ce qui permet d'acheter les matières premières. D'autre part, le siège de la AIWC (Dehli) finance le salaire des profs. Enfin l'UNICEF donne des fonds à travers un programme d'éducation des femmes et des enfants mené dans tout le Rajasthan, ce qui leur permet de payer le loyer de la maison chaque mois, et d'assurer les dépenses quotidiennes. Ainsi, cette organisation marche tant bien que mal, en offrant à une quinzaine d'enfants et une quarantaine d'adultes un espace de discussion, d'apprentissage et de travail.

 

Sneh Lata (en sari vert sur la photo) n'a pas la langue dans sa poche. C'est l'une des deux professeurs qui assurent les cours quotidiens. Mariée à 22 ans, son mari l'a répudiée deux années plus tard pour n'avoir pas donné une dot suffisante. Aujourd'hui elle a 27 ans et vit chez ses parents avec sa fille de trois ans. Depuis elle ne s'est pas laissée abattre et ne manque pas une occasion de fustiger les traditions patriarcales qui règnent au village. Les hommes? Ce sont des fainéants, à peine rentrent-ils des champs qu'ils s'allongent à discuter et ne rien faire, tandis que les femmes s'occupent de la maison, des enfants, de cuisiner, même si elles ont eu le dos courbé comme eux toute la journée dans les champs. Beaucoup travaillent aussi dans les petites entreprises textiles environnantes où elles lavent et impriment des tissus. La dot? Elle est totalement contre, les hommes n'ont qu'à mendier au temple s'ils veulent quelque chose au lieu d'attendre tout du mariage. Son rire est contagieux et détend ses compagnes, plus reservées au premier abord.

L'autre professeur (en sari marron au premier plan sur la photo) est un modèle de sérénité et nous accueille avec une franchise apaisante. Une discussion s'ébauche: ville, campagne, qui préfère quoi? "La grande ville c'est cher, surtout l'électricité; c'est pollué, et puis la famille et le cercle des voisins ne sont par là pour s'entraider" lancent les unes. "Y'a rien à faire au village, en ville ont trouve de bons emplois" disent les autres. N'empêche, la plupart des femmes présentes s'estiment heureuses au village et dans leur mariage: elles tiennent leur maison, ne sont pas maltraitées par leur belle-famille ou leur mari, fait plus que courant en Inde. Elles racontent l'histoire plutôt heureuse d'une petite fille mariée à sept ans par ses parents à un homme plus âgé. Elle venait souvent travailler dans l'ONG. Celle-ci a vécu en fait chez ses parents jusqu'à l'âge de la puberté et ce n'est qu'ensuite qu'elle a rejoint la maison de son mari. Aujourd'hui elle a 26 ans, deux enfants et est comblée avec sa famille, elle sait lire et écrire, elle ne subit pas d'abus de la part de sa belle-mère, précisent-elles.

Dans cette maison paisible, une autre association se bat. Elle travaille à pourvoir 25 enfants en lait, vêtements et soins. C'est AAGANWADI, que nous présente Mohan avec son bébé dans les bras (voir la photo précédente, la femme du fond). Le nom de l'association (aaga=espace ouvert, wadi= maison) est tout un symbole. L'aagawadi est une pièce centrale dans les maisons traditionnelles rurales: il s'agit de la cour intérieure où les mères chantent, discutent et où les enfants jouent. Leur objectif est de pouvoir toucher 60 enfants, mais pour l'instant le but n'est pas encore atteint. Toutes ces femmes se connaissent les unes les autres et les deux associations sont fortement liées. C'est pourquoi à les entendre et à partager un thé avec elles, dans la cour baignée de lumière de leur maison bleue (l'aaganwadi justement), nous sentons une connivence et une complicité inébranlable illuminer leurs propos. Nous les quittons avec une chanson: c'est une complainte qu'elles entonnent et qui commence par "Mon cher papa, pourquoi m'as-tu mariée si jeune, je ne sais ni lire, ni écrire..."

{} Ecouter la complainte de la trop jeune mariée

Ana

Ces deux associations ont besoin de fonds, de vêtements, de matériel scolaire: si vous pouvez envoyer des dons n'hésitez pas!

leur adresse:

Shanti BHORA, AIWC Muhana

Tehessil Sanganer

JAIPUR

INDIA

 

 

 

 



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